L'expression "saoul comme un Polonais" |
Nous sommes en 1808 au centre de l’Espagne dans la Sierra Guadarrama. C’est l’époque napoléonienne. L’Empereur veut s’emparer du trône de ce pays occupé par des Bourbons décadents. Napoléon vise Madrid, la capitale. La montagne est infranchissable. Un seul passage est possible, par un défilé étroit, lequel aboutit au col de Somo-Sierra, situé à 1500 mètres d’altitude. Les Espagnols ont concentré dans cette passe étroite des forces considérables.
Les
Polonais dans cette histoire :
La Pologne n’existe plus après son troisième partage. Des jeunes Polonais s’engagent dans l’armée française, dans l’espoir que l’Empereur rétablira l’indépendance de leur pays. Des soldats qui se révéleront d’une vaillance et d’une fidélité sans faille. La cavalerie représente l’élite de cette armée. On l’appelle les chevau-légers.
Origine
de l’expression :
Vouloir franchir l’obstacle s’apparente à un suicide. Un officier français dit à l’Empereur :
- Sire, c’est impossible !
A ce mot, Napoléon se dresse sur ses étriers :
- Impossible ! Impossible ! Je ne connais pas ce mot… Il se tourne vers le général Ségur : Partez Ségur ! Allez, prenez les Polonais…
Le troisième escadron de chevau-légers de Kozietulski s’élance. La charge est terrible. Les Espagnols s’enfuient terrorisés. La victoire est totale. L’escadron polonais a perdu plus du tiers de ses hommes, tués ou blessés.
Après la bataille, devant les survivants de cette unité héroïque, des généraux français font observer qu’ils étaient saouls. L’Empereur leur rétorque :
- Alors
Messieurs, sachez être saouls comme des Polonais !
Le
signification de cette phrase a depuis été
avilie. Le sacrifice de dizaines de jeunes héros qui
laissèrent leur vie pour une noble cause, sur un champ de
bataille, méritait pour leur mémoire, de garder
un sens autrement respectable.